Le vautour moine, come la plupart de nos grands rapaces, est un oiseau sédentaire nichant sur des arbres en colonie beaucoup plus petites que celles des vautours fauves, les nids étant distants de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. La ponte de l'uf unique a lieu début mars et son incubation dure 52 à 54 jours. L'envol du jeune a lieu au bout de 4 mois seulement. Le jeune de 1996 des Grands Causses s'est envolé le 28 août.
Le vautour moine, après
89 ans d'absence la dernière preuve de nidification
date de 1903 est enfin de retour dans le ciel français.
Les premiers relâchers d'oiseaux ont eu lieu en 1992 dans
la région des Grands Causses, dans le sud du Massif Central,
à l'endroit même où est implantée la
nouvelle colonie de vautours fauves. 6 individus ont été
relâchés sur ce site en 1992, 2 en 1993, 3 en 1994,
2 en 1995 et 6 en 1996. Le programme de réintroduction
prévoit d'atteindre le total d'une cinquantaine d'individus
en liberté dans le ciel cévenol. 1996 restera une
année mémorable pour le vautour moine en France
puisqu'un couple issu du programme de réintroduction a
de nouveau élevé un jeune dans la nature. Pour l'observer,
il faut donc se rendre dans les gorges de la Jonte.
Par ailleurs, la population espagnole étant florissante
(un millier de couples en 1996), quelques rares individus sont
parfois observés avec les vautours tout le long de la chaîne
pyrénéenne. Il est fort probable que le nombre d'observations
augmente considérablement dans les années à venir.
Comme toutes les espèces
de vautours, il est illusoire d'espérer observer le vautour
moine posé en train de se reposer sur un promontoire et
surtout en train de dominer les vautours fauves à la curée
sur un cadavre de mammifère. Contrairement à son
cousin, le vautour moine niche au sommet d'un arbre. Les colonies
sont beaucoup plus lâches que celles des vautours fauves
et surtout beaucoup plus difficiles à observer que celles
de ces derniers qui sont regroupées à flanc de falaise.
Le vautour moine est également nettement moins grégaire,
ses colonies ne comportent que quelques couples et il est rare
d'observer plus d'une demi-douzaine d'oiseaux ensemble.
C'est donc en vol que les observations du vautour moine se font
le plus fréquemment, lorsqu'un ou plusieurs oiseaux se
mèlent au carrousel des vautours fauves tournoyant au-dessus
de la vallée.
Avec ses 2,80 mètres d'envergure,
le vautour moine est le plus grand de nos rapaces. Sa silhouette
en vol est typique car ses ailes rectangulaires et fortement digitées
à leurs extrémités, apparaissent courbées
vers le bas lorsque l'oiseau est vu de face. Son plumage uniformément
sombre et sa queue légèrement cunéiforme
le distinguent du vautour fauve toujours plus contrasté.
Posé, le masque noir du jeune permet de le différencier
de l'adulte.
Comme tous les vautours, le vautour moine est particulièrement silencieux.
Persécuté au même
titre que tous les rapaces, le vautour moine a disparu de France
au tout début de ce siècle. Exclusivement charognard,
son rôle de nettoyeur de la nature n'a été
compris que tardivement mais sa protection intégrale par
la loi est arrivée trop tardivement pour le sauver. Ainsi,
après la réintroduction réussie du vautour
fauve dans les Cévennes, la décision de faire de
même avec le vautour moine a été logiquement
prise.
Aujourd'hui que sa destruction directe par le fusil et le poison
semble révolue, l'avenir du vautour moine est plus que
jamais liée à la persistance de l'élevage
ovin dans ce secteur des Grands Causses pour que les cadavres
de moutons lui procurent suffisamment de nourriture pour sa survie.
L'enfouissement des lignes à très haute tension
dans lesquelles les vautours entrent en collision par temps de
brouillard est également une mesure à prendre de
toute urgence pour que le programme de réintroduction soit
une réussite totale.