![]() Dakar (Sénégal) - 01/2006 |
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Espèce mi-africaine mi-européenne,
le milan noir passe la moitié de l'année en Afrique
et revient dans nos contrées dès les premiers jours
de mars, parfois même en février. Accompagnées
de longues vocalises, les parades ont lieu dès leur retour
et, une fois le couple formé, les oiseaux rechargent le
nid de l'année dernière ou en construisent un nouveau.
Les milans noirs nichent en général en colonie plus
ou moins lâche pouvant parfois contenir plusieurs dizaines
de nids. La ponte a lieu généralement en avril et
comporte 2 à 3 oeufs couvés pendant 32 jours. Le
séjour des jeunes au nid dure 42 jours.
Espèce fortement grégaire, nettement plus que le
milan royal, les milans noirs se regroupent en dortoirs dès
la fin de la période de reproduction et ces rassemblements
sont le prélude à la migration qui débute
dès la fin du mois de juillet. Après le 20 août,
la plupart des milans noirs ont quitté la France pour passer
l'hiver en Afrique au sud du Sahara.
Nettement plus commun que le milan
royal, le milan noir niche dans une grande partie de la France, à l'exception
du quart Nord-Ouest, de la Corse, du littoral du Languedoc-Roussillon et des
zones de haute montagne.
Le biotope favori de ce rapace est constitué de bois où
il construira son nid et de zones humides où il viendra
prélever une part de sa nourriture. Les plus fortes densités
se retrouvent dans les vastes ripisylves en bordure de cours d'eau
comme les bords de la Garonne à Toulouse. Les plans d'eau
ne sont pas négligés et les grandes régions
d'étangs accueillent de nombreux couples de milans noirs.
Espèce volontiers nécrophage, le milan noir est
souvent observé en train de cueillir un poisson mort flottant
à la surface de l'eau. Comme son cousin le milan royal,
il suit les tracteurs en période de fenaison à la
recherche d'insectes et de rongeurs déchiquetés
par la machine. Enfin, la fréquentation des décharges
est systématique au point que d'importantes colonies sont
installées sur les arbres les plus proches du dépotoir.
En migration, des troupes importantes peuvent être notées,
notamment le long du littoral méditerranéen à
Leucate au printemps ou à Gruissan en fin d'été.
La meilleure façon de découvrir ce rapace est de vous rendre à la rivière ou à l'étang le plus proche de votre domicile en fin de matinée. Si le temps est suffisamment ensoleillé, vous ne tarderez pas à voir un ou plusieurs milans noirs flâner tranquillement à quelques dizaines de mètres au-dessus des eaux, à la recherche de quelque cadavre flottant à la surface. Une fois la proie repéré, l'oiseau amorcera une descente et saisira à l'aide de ses serres le poisson moribond sans plonger dans l'eau comme un balbuzard.
Comme son cousin le milan royal, le milan noir est un opportuniste. Scrutant le sol ou la surface de l'eau à une hauteur de 10 à 30 mètres, il recherche les cadavres de poissons, les micromammifères fauchés lors des fenaisons ou les animaux écrasés en bord de route. Même s'il n'est pas un chasseur aguerri, il lui arrive cependant de capturer des rongeurs, des oiseaux et des reptiles.
De taille inférieure au
milan royal, le milan noir s'en distingue assez facilement par
son allure plus rigide, moins souple en vol et par la forme de
sa queue nettement plus courte et triangulaire. Son plumage est
brun foncé uniforme avec quelques zones plus claires au
niveau des poignets sous le dessous des ailes, mais qui ne contrastent
pas avec le reste de l'aile comme les taches blanches du milan
royal. Seuls les jeunes milans royaux au plumage moins contrastés
que les adultes peuvent prêter à confusion.
La confusion est par contre plus fréquente avec un aigle
botté de forme sombre dont seuls la queue plus rectangulaire,
quelques détails du plumage et la silhouette générale
permettent de le différencier. La femelle et le jeune du
busard des roseaux, au plumage brun chocolat uniforme, peuvent
également induire en erreur le débutant, mais leur
silhouette est totalement différente.
Aussi loquace que son cousin, le milan noir n'est guère avare de ses cris qu'il émet régulièrement en vol. Ses miaulements sont assez proches de ceux de son cousin et nécessitent une bonne expérience pour les différencier.
Dans bien des régions du
monde, et notamment en Afrique du Nord, le milan noir est un commensal
de l'homme. En Europe, il a su tirer profit des décharges
publiques et cette profusion de nourriture a sans doute contribué
à l'accroissement spectaculaire de ses populations, observé
depuis sa protection intégrale par la loi. Il sait également
récupéré à merveille les cadavres
d'animaux victimes de la circulation routière et les rongeurs
déchiquetés par les moissonneuses-batteuses et les
faucheuses. Charognard comme le milan royal, il a toujours à
craindre l'empoisonnement suite à l'ingestion de rongeurs
intoxiqués par des produits chimiques. Enfin l'eutrophisation
de nos rivières entraînant l'asphyxie de nombreux
poissons lors des périodes de canicules lui offre une pléthore
de poissons morts pendant les mois d'été.
Le milan noir est donc un de nos rapaces qui se portent le mieux
et son avenir ne semble pas menacé à moyen terme.